Et ZOOM alors!

A peine plus discrète que celle du Covid-19, une autre pandémie a vu l’émergence d’un autre service à la réputation déjà sulfureuse. Autant « incontournable » que toxique, il a contaminé un nombre ahurissant de terminaux informatiques tout autour du monde. En dépit de son absence de respect des législations en vigueur (RGPD), en dépit des scandales, mensonges, dénonciations et failles de sécurité avérées, en totale opposition des promesses et aspirations affichées d’un monde plus éthique, moins gourmand en ressources, plus respectueux des diversités, plus attentif à la protection des intimités, à la préservation de l’enfance, ce service est devenu LE service incontournable, celui qui apporte la rupture technologique qui va bouleverser nos vies…
Alors que la prise de conscience de l’urgence climatique s’étend et appelle à une plus grande retenue dans l’utilisation et le développement des nouvelles technologies, alors que la pauvreté augmente et/ou s’installe durablement, accélérant les désertifications humaines, ce service toxique s’impose dans nos vies et intimités…
Comment est-il devenu incontournable?
En partie de la même façon que ses prédécesseurs, par un fort lobbying qui fait douter toujours plus de l’intégrité de nos décideurs, un laisser-faire de nos institutions de justice, un investissement initial hors norme qui permet de proposer tout de suite des tarifs avantageux, voire « gratuits », mais surtout, encore et toujours plus, avec le soutien actif des associations, même celles impliquées dans la « transition » vers un monde plus solidaire, et cette fois ci de façon carrément honteuse, par nos institutions publiques!
Pourquoi « doit » on sacrifier la sécurité de nos terminaux et l’intimité de nos vies face à l’utilisation de ZOOM ? Mais parce que « tout le monde le fait » !
Pourquoi « tout le monde le fait »?
Et bien parce personne n’a vraiment le choix : les institutions vous laissent le choix entre continuer à vivre socialement intégré ou s’isoler définitivement de la société… Les cours se font sur ZOOM… Vous ne pouvez/voulez pas? Et bien vous n’assisterez plus aux cours… Donc, TOUS les étudiants installent ZOOM sur leurs terminaux, en répétant une bêtise entendue : il n’y a rien à installer, il suffit juste d’un navigateur… Ce qui en passant est le cas de bien d’autres solutions forcément plus respectueuses.
Et une fois qu’ils y sont, et bien ils l’utilisent partout, et donc contaminent les proches, les familles, de telle sorte qu’effectivement, tout le monde « ou presque » l’a…
Et puisque tout le monde l’a : les cours de danse, de gymnastique, de sophrologie, de musique… ceux qui ont déjà été réglés à l’avance, et bien ils sont ‘proposés’ en visioconférence sous ZOOM! Le ‘choix’ étant, soit vous vous y pliez, soit vous perdez le bénéfice des cours déjà payés! La justification qui tue est : « c’est l’urgence sanitaire qui dégrade nos façons de faire, il n’y a pas le choix! ».
Comme si le retrait imposé des populations, le temps suspendu ne pouvait surtout pas être l’occasion de réfléchir, comme si l’urgence n’était pas justement de faire ENSEMBLE, de décider – et d’assumer – ensemble nos choix de vie…

Les conséquences?
La quantité d’informations collectées est pharaonique! On commençait à peine à se méfier des GAFAM, ZOOM les surpasse!
Les alternatives libres, celles qui tendent à échanger des standard en termes de respect de la vie humaine, à limiter les centralisations des données, à partager les ressources et compétences, ne trouvent – à nouveau – plus de financement… Les solutions alternatives sont éventuellement testées, en s’assurant qu’elles fassent mieux que la référence, mais seulement en termes de performances utilisateurs avec chaque nouveau gadget imposé devenant ‘incontournable’, sans aucune considération des moyens matériels utilisés pour la « comparaison », et sans que l’aspect éthique ne soit jamais pris en compte.
Une autre conséquence, comme pour TOUTES les approches propriétaires, mais plus encore de par la centralisation des moyens qu’implique ces services en ligne, est l’appauvrissement des territoires à hauteur de l’enrichissement des sociétés derrière ces services. Personne ne peut vérifier le fonctionnement de Zoom, personne ne peut installer un serveur localement sur des moyens mutualisés, personne ne peut adapter les services au juste besoin, ou au contraire rajouter un module, ou le lier à un autre.
Aucun acteur local ne peut en vivre…
De même, tous les utilisateurs sont dépendants des choix de l’éditeur : en terme de respect des données personnelles, mais également en terme de choix de matériel. Pour « améliorer l’expérience utilisateur », les éditeurs poussent souvent à remplacer les terminaux plus rapidement, en rendant les terminaux actuels obsolètes… sans que les utilisateurs n’aient leur mot à dire!
Ces aspects ne sont pas du tout neutres, car ils accroissent la fracture numérique, assèchent la compétence des territoires en centralisant les moyens matériels et humains.
Pour démontrer la supériorité du service, de nombreuses fonctionnalités gadget sont régulièrement implémentées pour répondre aux concurrents, et il y a surenchère sur le nombre de connexions simultanées, sur le nombre de vidéos affichées, sur la définition des vidéos diffusées…
Et tout ça pour quoi?
Comment peut-on trouver performant, indispensable, le fait d’organiser des visioconférences de plusieurs heures, monopolisant des centaines de personnes, toutes surveillées (enregistrées) ? Quid de l’innovation, de la diversité, quand les comportements et interventions sont enregistrés ?
Quel intérêt de pouvoir visionner toutes ces personnes en écoute? De les voir se gratter le nez, changer de position pour réduire l’inconfort? A part faire des études de comportement, ce ne sont que des sources de distractions…
Et pourtant cela a un coût!
Energétique, plus encore quand il faut que l’ensemble passe par un serveur centralisé à l’autre bout du monde,
social, quand il conduit à normaliser les comportements par la surveillance généralisée,
politique enfin, quand il conduit à rendre dépendantes des populations entières!
Et pourtant, il y a des alternatives!
Au-delà de la nécessaire interrogation sur l’usage des visioconférences, en termes notamment de nombre de participants, de rôles définis, de durée, de rythme et pauses, d’aménagement des postes, de libertés, il existe de très nombreuses autres possibilités que ZOOM, et parmi elles certaines vraiment performantes – si le matériel utilisé est cohérent avec le nombre de participants – et SURTOUT éthiques, en logiciel libre, libres d’être installées, modifiées, améliorées, configurées par des personnes avec le niveau de compétences et de CONFIANCE requis par les utilisateurs, actifs de leurs choix de vie!
Les plus connues restent Jitsi Meet et BigBlueButton, cette dernière étant référencée par l’éducation nationale, avec de nombreux serveurs installés dans les universités… Elle n’impose aucune installation sur les terminaux, propose de nombreux outils dédiés à l’enseignement, et pourtant une majorité de cours continuent à être subis sous ZOOM…
Une pandémie…

Un autre billet sur le sujet, tout à fait évocateur du rouleau compresseur ZOOM…